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Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye

Conflits, guerres et migrations

Dernière mise à jour : 13 nov. 2023

C’est peut-être parce qu’on juge certains conflits et guerres nécessaires qu’il existe encore des individus pour les provoquer. C’est parce que l’horreur d’une tuerie n’échappe à aucun regard sain qu’on n’oublie jamais de lui trouver quelques nobles justifications, lesquelles sont très souvent, ou invérifiables, ou mensongères.


Entre celui qui se défend et celui qui agresse, celui qui a raison et celui qui commet le tort, la différence ne fait que se réduire jusqu’à extinction. Lorsque l’on voit des crânes sans yeux, des ventres éclatés et des mourants rampants, il devient peu important de savoir à quel camp ils appartiennent. Lorsqu’on s’engage dans un conflit ou une guerre, l’économie de la violence devient illusoire, puisque chacun faisant de l’autre sa cible sur laquelle appliquer les atrocités dont on est soi-même menacé. La faculté de nuire est toujours attribuée à l’autre, alors que l’objectif de chacun est de tuer le plus grand nombre. Dans un conflit ou une guerre, on se détruit. On se déshumanise.


Dans un tel théâtre, la figure du valeureux est rarement incarnée par celui qui se montre clément envers « l’ennemi ». On le traitera plutôt de faible et consacrera celui qui sait tuer, même ses propres compagnons, sans sourciller. Les troupes qui savent imiter l’orage, ne laissant rien debout derrière elles, sont les plus encensées et protégées. Leur cruauté les rend légendaires et parmi leurs hauts faits d’armes, citons : amputations, exécutions sommaires, viols groupés, dépossessions. Les maîtres de la torture tirent de leur abondant génie les sévices les plus sadiques lorsque dans les industries, on se félicite du nouvel armement qui va anéantir « l’ennemi ». Au Parlement, on applaudit chaleureusement le Politique qui exhorte à la poursuite des frappes promettant la gloire (?) à son Peuple, faisant allusion aux retombées économiques et lui-même convoitant, dans une parcelle secrète de son cœur, un piédestal dans l’Histoire. Ce n’est pas faux qu’on doit certains conflits et guerres aux ambitions corrompues et malsaines de certains individus à la tête de leurs Peuples.


La Population vivant sous les cailloux et les balles d’un conflit ou d’une guerre cesse d’avoir un cours de vie normal. Toutes les occupations sont suspendues au bénéfice du combat. Les jeunes gens, sans avoir nécessairement reçu une préalable formation, sont embarqués dans les cargos et jetés aux premières lignes des fronts. Dans les quartiers, s’enfermer dans les caves des maisons reste une précaution précaire : un bombardement aléatoire ou une patrouille vagabonde peut bien les leur transformer en cimetières. Les larmes perdent leur fluidité devant la couleur du sang devenu banalité ; la rage répand la mutité, quand les esprits se mettent à planifier la vengeance. Rien qu’un Père abattu pour un Père abattu, une Grand-mère violée pour une Grand-mère violée, risque de faire disparaître tous les Pères et Grands-mères. C’est pourtant bien dans cette voie que s’engage cette Population qui se dévore, ne se reconnait la moindre parenté ou affection et fait même appel à des troupes étrangères faisant office de mercenaires ou d’arbitres hypocrites.


La minorité de cette Population, qui a pu avoir le temps et les ressources, abandonne ses maisons, tourne le dos à sa Terre, celle de ses ancêtres, pour s’enfuir dans les Pays limitrophes ou plus loin. Ils devront mettre sur la balance tous leurs malheurs, se rendre pitoyables quitte à y sacrifier toute leur dignité, en mendiant l’asile ou un statut de réfugié. Et les Pays délivreurs de ces statuts, pris entre humanité et cupidité économique, entre hospitalité et racisme, entre défiance et préjugés, sont embarrassés en les voyant venir : on les accueille tantôt, ou les repousse, ou se les jette, ou, encore, les tolère dans ces zones d’exclusion incroyablement baptisées « jungles ». Les voix qui les défendent se font moins nombreuses, au contraire de ces épreuves d’intégration auxquelles ils sont soumis : on leur dispense des cours censés leur apprendre « le respect de la femme » ; leur grignote quelques francs suisses — L’argent détourné par leurs dirigeants et dormant dans les comptes suisses ne suffit-il déjà pas à prendre en charge ces gens désespérés ? — et des couronnes danoises ; ou confisque les 10% de leurs salaires. Autant de mesures aux sous-entendements et procédés qui laissent perplexes, mais face auxquels ils sont appelés à se réjouir parce qu’ils auront fui le pire dans leur Pays d’origine.


Lorsque dans un conflit ou une guerre, les responsabilités peuvent être largement partagées, les bilans, eux, sont sans équivoque : ils ne sont faits que de pertes, lesquelles pertes provenant toujours des Citoyens ordinaires, ceux qui ne prennent part à aucune table de négociations et sur qui tombent les prières et hommages aux morts. Celui qui enterre sa famille dans la même journée et l’autre qui erre entre les camp et consulat sont hantés par la même question : « Comment en sommes-nous arrivés là ? »


Eux, naturellement, ne soutiendront jamais que le bon Politique, c’est le chef de guerre. Ils ne diront jamais que leur Nation de rêve, c’est la leur, où on se tape dessus alors que les autres Nations œuvrent à leur prospérité. Conflits et guerres, surtout au sein d’une Nation, sont dévastateurs et inutiles. L’ambitieux ou l’agresseur qui les provoque doit savoir qu’une couronne ensanglantée pue plus que mille charnières de trois jours.



Photo de couverture : © MasterTux

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