Emmanuel Macron a affirmé que nous sommes confrontés à un « défi civilisationnel » ; après Nicolas Sarkozy qui disait qu’on « n’était pas assez entrés dans l’Histoire ». Aujourd’hui, Donald Trump qualifie nos Pays de « merde ». Dans cet article, à leur mépris, je réponds par le mépris.
Ils voudraient nous faire croire que seule leur dignité existe ; la nôtre ne comptant pas. Ils voudraient nous entendre applaudir à leurs injures ; comme si de force de caractère nous étions dépourvus. Ils nous croiraient capables de ramasser leurs crachats, de les mettre dans notre bouche parce ce qu’ils seraient si supérieurs de nous que leurs souillures vaudraient pour nous du sirop. Ils sont bien convaincus que le progrès technique qui nous sépare fait de nous des sous-Hommes envers qui ils ne sentent régis par les moindres règles de politesse.
Eux, ceux sont ces dirigeants occidentaux et d’ailleurs qui, prétendant parler au nom de leurs peuples, se servent de l’Afrique comme d’un vulgaire torchon sur lequel ils essuient toutes leurs saletés. Ils se permettent de s’adresser à nous comme si nous étions des moins que rien qui ne mériteraient le moindre égard. En s’adressant à nous, ils croiraient qu’il leur est permis d’être incorrects, grossiers, irréfléchis et sans retenue. Tout ce qu’ils n’osent dire ailleurs, ils attendent d’être chez nous pour le dire. Tout ce qu’ils n’osent dire à d’autres, ils attendent d’être en face de nous pour le dire. Nous ne serions sur cette Terre que pour leur servir de défouloir.
Emmanuel Macron, pour commenter le taux de natalité en Afrique, dans un savant mélange de fausse érudition et d’arrogance, a dit que nous sommes confrontés à « un défi civilisationnel ». Avant lui, Nicolas Sarkozy, autre héritier d’une vieille et éhontée tradition, professait que « l’Afrique n’était pas assez entrée dans l’Histoire ». Et aujourd’hui, c’est au tour de Donald Trump de récidiver, en qualifiant nos pays de « merde ». Expression qu’il tente de nier timidement, en se réfugiant derrière son « Amérique d’abord » et en admettant avoir employé à notre endroit des mots durs, quoi que différents.
En quoi se soucier de son Pays d’abord oblige-t-il à être incorrect envers ceux des autres ? N’est-ce pas là du pur égoïsme, ce grave défaut qui consiste à croire qu’on est le seul qui importe dans ce monde et que tout ce que peuvent éprouver les autres est sans intérêt. Ils peuvent continuer de croire que les Africains sont incapables d’éprouver quoi que ce soit ; mais ils ne pourront jamais nous empêcher de répondre à leur mépris par notre mépris.
Nos conditions économiques actuelles sont certes défavorables par rapport au reste du monde ; mais elles ne sont pas définitives et ne donnent pas le droit, à aucun pays, à aucun individu, aussi riche ou puissant qu’il puisse se croire, de ne pas nous respecter. Notre « pauvreté » ne nous prive pas de notre dignité et on ne laissera personne nous la piétiner. Tant qu’on l’aura sur nous, ils auront beau être plus riches que nous, mieux que nous ils ne vaudront jamais.
Enfin, qu’ils sachent qu’on préfère le respect à leurs excuses. Car, que valent les excuses d’un Président des Etats-Unis devant un tel heurt à notre dignité ? Fort peu. Et que valent les excuses de la personne de Donald Trump en face de cette même dignité ? Ma réponse est : absolument rien.
Photo de couverture : © Révolte-toi Sciences Po
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