Le Peuple qui se bat devient mien.
Aux 95% des Burkinabè, le Peuple.
J’apprenais par cœur mes leçons à l’école primaire. Je les débitais à haute voix devant une Tante (1) qui avait coutume de me tenir le cahier. À cet âge, on ne me demandait rien au foyer, si ce n’était de les maîtriser. Être capable de les restituer assis, debout, avec les yeux fermés, me procurait un discret contentement, me sentant en ces instants-là utile. Je ne me limitais pas à tout restituer, cherchant à exécuter l’exercice sans la moindre interruption. Ce qui n’arrivait pas toujours.
L’une de ces rares fois où je fus tenu de mener ma récitation avec un rythme plus ou moins saccadé fut à l’occasion des leçons sur les royaumes africains. Je prenais de précieuses secondes pour prononcer le nom du royaume mossi, OUA-GA-DOU-GOU, actuelle capitale du Burkina Faso dont je découvris le nom à l’arrière de nos cahiers Topic de 96 Pages, parmi les seize pays qualifiés à la Coupe d’Afrique des Nations de 2002. Je ne sais par quel moyen d’enchantement, ce nom me resta collé à la langue. Le moment de préparer le concours du Prytanée venu, je répandis partout mon désir de faire mes classes dans ce Pays. J’atterris un certain vendredi de septembre 2005 là où je ne connaissais réellement personne et n’avais idée de leur style de vie.
Mon enthousiasme s’amollit à l’atterrissage. Le volumineux sourire du sec et fier Sergent-chef chargé de notre accueil, le rhinocéros (2) rouge de poussière, les balafres indiscrètes, m’intriguèrent. Et je commençai à galvaniser mon courage, avec les gestes d’au revoir de ma Famille. Puis s’ouvrirent à notre rhino les routes de OUA-GA-DOU-GOU, dont l’austérité du paysage, à l’image des traits de ses Hommes, me parut mélancolique. Le décor de ce bric-à-brac était encore excusable, bien moins affreux que cette parade de vieilles Dames agrippées à leurs mobylettes et… vélos. Et je pensai ipso facto à nos Diriyànke du Sénégal, qui au temps, exigeaient un chauffeur. J’eus presque pitié de la Femme burkinabé. Maladroitement.
Quinze kilomètres après, se présenta, stoïque, le portail de notre école. Laconiquement, ce géant disait :
PRYTANÉE MILITAIRE DE KADIOGO
S’INSTRUIRE POUR MIEUX SERVIR.
On avait pénétré une brousse, laquelle devint, dès le lendemain, une jungle. Notre Chef de section adjoint, parce que je suis sénégalais, m’appelait son petit escroc ; notre bizutage allait durer un mois entier ; la bonne cuisine y était un péché et on allait nous y enfermer jusqu’au 1er novembre. Rien ne me l’empêcha : je détestai le pays entier ; leurs gentillesses m’énervèrent et je découvris en le Sénégal, mon Sénégal, le paradis. Là aussi, ce fut maladroit.
J’ai d’abord trouvé dans cette partie de l’Afrique des Hommes domptés, dociles à outrance. Constat que je fis et dans les casernes et au sein de la Population civile. Mon chauvinisme sénégalais me fit dire des Burkinabè qu’ils sont de pauvres types ; qu’ils ont tout à envier à mes Compatriotes. Ces derniers ne se laisseraient jamais abuser par des racailles de policiers, barons de la circulation ; qu’ils ne trembleraient jamais devant un morveux soldat dont le treillis ajusté par un ceinturon provoque déjà un trauma lui procurant hélas un amour-propre presque bestial ; et qu’eux, surtout cela, n’accepteraient pour rien au monde de ressentir cette peur de parler de leur vie politique. Le Burkina Faso, je me le dis, est un peuple de poltrons. Et je le défendais énergiquement dans nos discussions. Aujourd’hui, je me demande encore pourquoi mes Promos ne m’avaient pas cassé la gueule ! Au contraire, ils m’avaient affectueusement gratifié de flatteurs surnoms L’Espoir sénégalais, Le Verbe. Et m’écoutaient parfois ; on tutoyait l’état politique du Pays. Le temps était arrivé de discuter de notre condition.
Notre, car entre-temps, j’ai commencé à me sentir très proche de ce Pays. Je n’ai pas appris à l’aimer ; il m’a imposé de l’aimer. Ont forcé mon admiration ce monde pédaleur de vieux machins et laboureur d’un teigneux sol latéritique ; ce monde d’Apprenants dans le même uniforme qui s’estimaient heureux de se retrouver dans un Lycée Philippe Zinda Kaboré dénué de la moindre commodité et qui n’en n’étaient pas pour autant moins excellents; et enfin leur humanité, cette bienveillance dont jouissent les hôtes dans ce Pays et qu’on appelle chez nous Teranga.
Je tombai sous le charme du Burkina Faso. Je tombai amoureux du Burkina Faso. Je devins un Burkinabè, de cœur.
J’entrepris dès lors d’aller à la découverte de son histoire politique.
Je déballai l’épopée royale de la contrée, qui m’expliqua dans la foulée l’origine du salutaire brassage national. C’est d’abord le légendaire Ouédraogo, fils passionnel d’une rencontre fortuite et de silence : ah Yennenga, que faisais-tu dans le lit de ce chasseur aussi chaud que son gibier saignant ? Rencontre dont la descendance brillera sous mille feux dans l’Afrique des empires et royaumes. Je me confirmai aussi la particulière puissance mystique des Gourmantché, la communauté de tapeurs de sable, dont le vaillant Yandabili défia lui aussi ses pairs d’ôter son sabre de la roche dans laquelle il l’eut planté. On attend encore le Merlin sahélien quant à nous. Avant lui, son ancêtre, Daba Lompo, sur le dos de son cheval, n'eut-il pas grimpé un baobab dans lequel il disparut ? C’est aussi le sadisme du morpion de Ouahigouya qui m’embêta, Naba Kango, qui aurait même fait piler des Mères leur progéniture. Il me fut moins utile de le découvrir que Guimbi Ouattara, ma guerrière Princesse, celle que j’ai pudiquement regretté de n’avoir vue et dont j’aurais été le plus fougueux prétendant. Je t’aime Guimbi, où que tu sois. Enfin, j’eus souri de l’opiniâtreté de Boukary Koutou, le Roi déchu par la colonisation, qui fut éconduit autant de fois qu’il revint à la charge. Il aura quand même essayé.
Le Burkina, ce fut aussi la Haute-Volta, souvenirs ardus de la moustache de Destenave, de la cruauté de la colonne Voulet-Chanoine, du tact malicieux de Robert Delavignette. Mais surtout de l’ambitieux gouverneur Reste : sous l’impulsion de ce monsieur, des Voltaïques se réveillèrent un matin Ivoiriens (en majorité), Maliens ou Nigériens. La colonie fut en effet démembrée en 1932, pour favoriser la migration et la mise en valeur des abondantes ressources ivoiriennes. Profit, quand tu nous tiens.
La Reconstitution fut conquise en 1947, triomphe d’un combat mené par les futurs instigateurs à l’Indépendance : Nazi Boni, Ouezzin Coulibaly, ou le Naba Kom II entre autres : vous aurez vous aussi joué votre partition : la République naquit. On est le 5 août 1960.
Maurice Yaméogo en devint le premier Président. Subjectivement, j’ai retenu de lui qu’il fut indécis dans ses partenariats et partisan des présidences fastes dédiées aux Pères fondateurs de la Nation. J’aurais dit qu’il n’eut rien compris de la vie et des calvaires du peuple. Ce n’est pas un malaise d’évincer de détrôner un Président. Le parachuter, peut-être oui. C’est ce que fut le soulèvement du 3 janvier 1966 du futur Général Sangoulé Lamizana. Excellent Soldat, sage mandataire, il n’était peut-être pas celui qu’il fallait à un pays naissant désireux de conquérir le monde. L’acteur de Sous les Drapeaux était de bonne foi, mais incarnait le résidu d’une ère franchie.
Après près de quatorze années, le Colonel Saye-Zerbo le déposa. Lui, était jeune. Lui, me semblait ferme, avec son visage que je n’ai jamais pu regarder sans appréhension. C’est à peine si on peut dire qu’il eût ou non des ambitions pour la Haute-Volta ; il ne dura point au pouvoir, de novembre 1980 à novembre 1982. J’aurais peut-être tort de dire qu’on aurait bien pu se passer de son Comité militaire de redressement pour le progrès national.
De même que le mandat du timide Jean-Baptiste Ouédraogo, un autre surpris de l’Histoire. Le pédiatre apprit à atténuer des souffrances et sauver des vies, mais n’eut pas raison de la gangrène politique de son Pays. À peine un an après, l’adjoint au téméraire de Pô le fit abdiquer : Blaise Compaoré facilita la prise de pouvoir de Thomas Sankara. Je suis heureux pour le Remplacé, Docteur, qui aujourd’hui administre en bonne citoyenneté sa clinique de Notre-Dame-de-la-Paix.
C’est la Révolution de 1983. Quatre chefs historiques : Commandant Jean-Baptiste Lengani, Capitaine Thomas Sankara, Capitaine Henry Zongo, Capitaine Blaise Compaoré. De l’énergie et du cran dans une Afrique aux régimes vieillissants. Un discours inhabituel, tonifiant, renchéri par une transformation très audacieuse de la production. Un peuple qui se militarise et une armée qui s’humanise. Le tout dans un décor propagandiste ; je ne dis pas populiste. Des « À BAS ! » qui un moment n’enchantaient plus. La pathologie des terminaisons ismiques ingurgitée (néocolonialisme, obscurantisme, féodalisme, égocentrisme, anarchosyndicalisme…). Un Leader qui n’a pas totalement échappé à la posture héroïque. Heureusement pour lui, heureusement pour nous tous, que son patriotisme fut d’une raison et d’une pureté exquises. Je suis presque tenté de vous souffler, égoïstement, qu’il vient de notre école.
Thomas voulait « inventer l’avenir ». On le convoya chez ceux qui ne verront plus l’avenir. Son bilan, sa verve, sa plastique, sa fougue, ses rêves, ses ambitions et certaines fantaisies révolutionnaires finirent dans un trou auquel quelques mains fidèles s’évertuèrent à donner la pudeur d’une sépulture. Il est mort d’une mort naturelle, avec des balles perdues dans le corps. C’est le Médecin-Commandant Diébré Alidou qui l’a certifié. Et les Burkinabè ont-ils le droit de douter de la signature d’un agent assermenté de l’État ?
Tout cela commençait à être ennuyeux et Blaise Compaoré proclama la Rectification dans un communiqué qui ne le fut pas moins. Depuis ce 15 août 1987, on rectifie au Burkina Faso.
Aux politiques collectivistes sociales qui figuraient en bonne place parmi les griefs de l’intermède révolutionnaire, la Rectification apporta la libéralisation, laquelle a servi de catalyseur aux inégalités. Au Burkina qui était bien parti pour inspirer l’Afrique en quête de modèle, on regretta l’isolement qui heureusement s’effrite avec l’âge du nouveau médiateur. À la place de la célébration des Ans de la Révolution, on institua la Journée nationale du Pardon qui a la vocation de réconcilier le Pays avec lui-même et l’humilité de regretter « les tortures, les crimes, les injustices, les brimades et tous les autres torts ». Même si jusqu’ici nul de ces sévices n’a été avoué et assumé et / ou sanctionné.
Sanctionner, je tiens à le préciser, n’est pas la parfaite finalité et ne devra être une obsession. Dites au Peuple ce qu’il a le droit de savoir sur ces nébuleuses morts, qu’il sache méditer sur elles afin que cette mémoire de faits s’érige en une abjuration nationale de ce qui me semble bien une liquidation. C’est le mot, Monsieur Compaoré, que j’emploierais pour résumer ces « tortures, crimes, injustices, brimades et autres torts ». La morale de l’épreuve absout l’affliction qu’elle a engendrée dans le court terme.
Avouer, assumer ou seulement répondre de ces accusations à l’encontre d’un régime que vous administrez depuis ce lointain 87 est pénible comme condition. Je l’avoue, nous sommes après tout des Hommes. Tous ces événements tus et toutes les plaintes sans suite ont toutefois laissé le Peuple déduire son verdict. Ce verdict qu’il me serait imprudent de qualifier de diffamatoire ou d’avéré a eu l’effet de fragiliser votre système. Les mutineries de 1999, 2006, 2007, 2011 ; les épisodes Dabo, Nébié ou Zongo ; les suggestifs remous ayant accompagné toutes vos réélections. Ironiquement, en 2005 déjà, la constitutionnalité de votre candidature fut difficilement digérée.
La question aujourd’hui n’est pas de savoir si votre gouvernance fut républicaine ou non, mais vous faire comprendre que la seule manière pour un mortel de servir l’éternelle institution est de respecter ses dispositions. Et quand il importe de la modifier, veiller à en être le dernier bénéficiaire. La gestion de l’article 37 qui fait l’objet de l’agitation naissante est d’un enjeu national. Et il vous est là donné l’opportunité d’inscrire votre Pays dans la continuité.
Partir sans tapages ni ambages ne sera pas défavorable à votre bilan certes évolutif, mais demeurant hyper mitigé à mon sens. Insister équivaut ici à s’entêter. Forcer la main équivaut à insulter. Respecter la Constitution équivaut à conforter la sagesse de médiateur, impopulaire au demeurant. Aussi soupçonné-je toujours la générosité des Hommes qui se pensent indispensables. Vous n’avez pas tout pu faire ; un autre poursuivra.
Un autre qui d'office ne devra plus être de vos Hommes de confiance nouvellement Opposants.
Parcourant il y’a deux jours leur collective adresse de démission, je n’ai pu m’empêcher, vous me le pardonnerez, de voir l’analogie entre l’oligarchie entretenue par votre système et la fraternité au sein d’un groupe de complices. Les complices sont les êtres les plus prévisibles. Leur amitié est aussi grande que leur inimitié. Quand ils polissent leurs états d’âme pour jouir et faire fructifier leur système, presque par instinct, ils aiguisent leurs coutelas. La pelle des cimetières se substituera à la fourchette de l’amitié. Forcement, car eux aussi savent que sans le vrai, rien n’est promu à l’éternité. Et parce qu’ils sont aussi des Hommes, la survie les préoccupe : il est toujours temps de sauver la peau de son Leader sa peau.
Ainsi vous ont-ils lâché ( ?).
Ce qui, encore une fois, ne doit étonner personne, ni faire baisser la vigilance. Au bord de l’abîme, il faut se lancer avec ses dernières énergies : on s’en sort bardé d’une nouvelle écharpe ou y reste crever, en attendant l’Histoire, comme un virus extirpé. Cette astuce de changement de fusil d’épaule a une finalité : c’est l’absolution. Elle souffre cependant de raisons et heureusement pour eux que le Peuple, en ces circonstances, n’en exige pas. Ce qui le soulage déjà dans cette défection, c’est de savoir le camp adverse démantelé grâce à ses nouveaux camarades de qui il dira peut-être: « Or ils ne sont pas si diables que ça ». Et aux plus enthousiastes, il y en aura toujours, viendra l’extraordinaire imagination qu’un tel parmi eux « ferait un bon septième Président ».
Si par frénésie la folie de cet individu se consolide, que les Opposants de la veille affichent la moindre timidité devant leurs nouveaux camarades, ces derniers, en cette année qui sépare des élections, pourraient se sentir à leur place, parmi ces masses qu’ils ont tout au mieux sacrifiées quand ils étaient vos béni-oui-oui. Et ce n’est pas leur culot qui fera défaut dans cette sédition. Déjà, leur adresse donne le ton. Ils ne supportent pas « l’exclusion, la délation, les intrigues, l’hypocrisie et la coterie ».
Voilà dans toute l’actualité, la seule chose qui m’ait surpris, ce passage-là. J’ignorais sincèrement qu’ils se souciaient de ces mots, ces intouchables de Ouaga 2000. Mais je me reprends vite, car j’oublie aussi, que dans ce Burkina Faso politique, infecté, vous avez osé dénommer votre parti « Congrès pour la démocratie et le progrès ».
L’indésirable de 2015, c’est donc d’abord vous, Monsieur Compaoré. Vous souhaitez le meilleur à vos Compatriotes, peut-être. Mais continuer à se confondre à leur Exécutif ne fait pas leur bien, sachez-le. Ou le Peuple risque de vous le faire savoir, tout simplement. On pourrait accepter que vous passiez le témoin à un de vos poulains à l’orée de la dispersion ; ce ne sera dans mon propos. Le recyclage politique, nouveau subterfuge de la maniaquerie démocratique, ne saurait être la rétribution des Burkinabè. Que ces nouveaux Opposants se soient enfin rappelés l’indignation à l’égard de quelque exaction est bien ; il pourrait leur permettre de racheter un quartier de leur citoyenneté. Mais insuffisant, car il ne leur restitue aucune prétention à gouverner de nouveau leurs pairs. Gouverner est réfractaire à la rédemption. Et défection n’a jamais valu rédemption. Il y a une heure pour chaque décision, pour chaque révulsion. Celle-ci passée, la décision frise la frivolité. Eux, je l’affirme, souffrent d’une fiabilité politique.
Mesdames, Messieurs, la porte de sortie est par ici. Vos remords et ambitions ressuscitées, vous feriez mieux de les taire, idéalement, les enterrer, pour ne pas me forcer à me résumer ainsi : « Vous ne croyez en rien. ».
Qu’implique finalement être aujourd’hui présidentiable au Burkina Faso ?
À contrario, il consiste tout simplement à être le mandataire qui exècre la marginalisation du Peuple. Conjurer les frustrations me paraît pour l’heure la seule attente d’une alternance. Un Homme qui s’interdit de recourir à l’analphabétisme des Masses pour les assujettir à l’exécution ; un Homme qui ne feindra pas de lire la courtoisie dans le déplacement des Citoyens venus peupler sa bâtisse les jours de festins ; un Homme qui fera regagner mes Frères d’armes leurs casernes afin que la citoyenneté burkinabè s’affranchisse plus concrètement de l’intimidation. Le choix de tout autre Homme entretiendra d’autres rares bedaines ou les mêmes bedaines, quand la majorité du Peuple désavouera le pouvoir politique.
Ce profil, vous l’aurez compris, participe de ma même exigence qui souhaite, sans naïveté, qu’aucun de ceux qui ont goulûment reçu les faveurs devenues des droits-privilèges n’ambitionne gouverner : tout est dans ce mot. Ce qui ne suppose pas qu’il devra leur être interdit de prendre part aux élections ou qu’ils ne devront pas être élus. Il s’agit juste de démanteler le système politique burkinabè et de réanimer (ou animer) le seul acteur de ce verbe : le Peuple. Le Burkina Faso jouit unanimement d’une réputation de Peuple de travailleurs. Mais il risque de mourir à la tâche, misérable, s’il ne reconquiert pas ses droits de Mandant. Il est plus juste qu’une délégation craigne la majorité.
L’issue de 2015 ne sera en rien exceptionnelle. Il sera juste la suite de la redistribution des rôles qui explique ces crises presque cycliques. Le temps n’attend personne et les rêves du Peuple grandissent. Ils mettront en respect l’égoïsme de l’autocratie. Et le plus beau, c’est que même le malfrat pourra être Président de la République. Car le rôle du Peuple est justement de dicter la vertu à ses Gouvernants, avec comme principe : toujours les suspecter.
J’attends donc des Burkinabé qu’ils se réapproprient la politique, activité liminaire, activité suprême. Tout malheur vient d’elle. Tout bonheur aussi.
(1) C’est en classe de première que j’appris que celle-ci n’a jamais su lire et écrire.
(2) C’était un vieux machin vert armé qui rendait l’air irrespirable derrière lui. Son conducteur devait être d’un solide gabarit.
Photo de couverture : © Photolandbest
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